8.4.11

Irrévérence à l'Espace Libre

Quelque peu avant sa mort, Jean-Pierre Ronfard laisse un message sur le répondeur du Nouveau Théâtre Expérimental (NTE). « J’en ai marre d’être un gars correct, lance-t-il au bout du fil, notre démarche de théâtre expérimental doit aller plus loin ». En lui rendant hommage, les scénaristes et metteurs en scène, Evelyne de la Chenelière et Daniel Brière, de la nouvelle pièce du NTE, Ronfard nu devant son miroir, présentée jusqu’au 30 avril, n’ont pas oublié son message. Le résultat est prodigieux, saisissant, à l’image des désirs de cet illustre homme de théâtre.

En entrant au théâtre Espace Libre pour voir la pièce, deux choix s’offrent au spectateur. Il peut s’assoir sur une chaise ou sur un des coussins alignés au sol. Il n’y a pas d’estrade ni de scène. Les acteurs sont déjà là, prêts à accueillir le public. Ils saluent les spectateurs et prennent le temps d’échanger quelques mots avec eux. L’atmosphère est détendue, décontractée. Normal quand le quatrième mur tombe.

Le message laissé sur le répondeur par Jean-Pierre Ronfard est le fil conducteur de la pièce. Coupé et repris sans cesse, il est le moteur de toutes scènes. Composée en fragments, Ronfard nu devant son miroir, se détache de la linéarité du texte théâtral typique. Les quatre comédiens viennent et vont sur le plateau, poussant de faux cris de mort. Un véritable pied de nez à la théâtralité poussée à l’extrême.

Un chapiteau, hissé à la droite du plateau, avec une table de ping pong au centre fait office de décor. Une caméra installée à l’intérieur du chapiteau saisit les images qui sont retransmises en direct sur le mur du théâtre. Les acteurs, Isabelle Vincent, Daniel Parent, Julianna Herzberg et Claude Despins font des moues et se disputent le centre d’attention. Des slogans et des phrases sont aussi projetés sur le mur : « La caméra est au théâtre contemporain ce que le tutu est au ballet classique ». L’assistance et les acteurs rigolent de bon cœur.

Un peu plus loin, Julianna Herzberg interprète Winterreise Schubert. La mise en scène se veut cocasse; l’actrice chante dans une boîte de carton qui sert aussi d’instrument de musique à Daniel Parent. Mais en réalité, ce fragment est très touchant. Cette scène m’a eu! Je me suis surpris à verser des larmes  Les paroles chantées étaient traduites de l’allemand au français et retransmises sur le mur du théâtre.



La fin du spectacle est à l’image du reste de la pièce : surprenante! Deux danseurs se mêlent aux acteurs. Ceux-ci ont tous une tête de Jean-Pierre Ronfard en carton. Les danseurs, vêtus de blanc, enferment les acteurs dans le chapiteau avant d’offrir une performance hors du commun. Ils dansent oui, mais ils parlent, se relancent jusqu’à cracher leurs tripes sur scène. On aurait cru qu’ils incarnaient deux enfants sortis tout droit d’un roman de Réjean Ducharme. Grâce à cette pièce, une partie des désirs inassouvis de Jean-Pierre Ronfard ont été réalisés. L’irrévérence et l’expression soudaine des pulsions les plus enfouies ont totalement dominé le spectacle, au plus grand bonheur des amateurs de théâtre expérimental.

2.3.11

C'est une trrrrrrrragédie!! (main sur le front)


Les tragédies grecques sont géniales pour la complexité des liens filiaux qu’elles mettent en scène. De vraies toiles d’araignées. Jusqu’au 12 mars, les amateurs de fatalité pourront se délecter avec « Jocaste», présenté à l’Espace libre. L’Uruguayenne Mariana Percovich fait une relecture contemporaine du « Roi Œdipe », un drame familial déchirant écrit à l’origine par Sophocle.
C'est qui elle? Jocaste est la femme cachée derrière le mythe d’Œdipe. Elle a plusieurs visages : mère, épouse, reine et même cougar! Mais ce qu’il faut retenir c’est qu’overall, au-delà de tous ses rôles, elle est tellement femme. Tellement sexuelle et sensuelle. Surtout quand c’est Julie Vincent qui la joue, seule, lors de cette courte mise en scène de 50 minutes.

Ses accessoires sont : un foulard rouge qu’elle fait glisser entre ses doigts, un mur sur lequel elle se frotte par moment de pur bonheur et une chaise pour se déposer quand elle ne se couche pas au sol. Une tragédie, j'ai dit.

Et l’histoire? Bon alors. Jocaste règne sur Thèbes en compagnie son mari Laïos, qui la répudie (il aime mieux l'enculer que de lui faire l'amour). Ouch! Elle se sent lourde, poche et moche. Mais, par un tour de force (avec un peu de drogue, c’est fou ce qu’on peut faire!), elle réussit à avoir un enfant de cet homme qui ne l’aime pas. Il s’appellera Œdipe.

Bon après, ça se complexifie à coup d’oracle, de fuite et de malentendus répétés. Enfin. Pour faire court, Œdipe tuera son père sans savoir que c’est son père et viendra sauver le royaume de sa mère (la peste est partout, c’est le véritable bordel) sans savoir que la reine, ben c’est sa mère aussi.

Pour le remercier, elle lui donne la place à laquelle il a droit: le trône. Un peu cougar sur les bords, elle tombe amoureuse d’Œdipe le beau jeune homme frisé. Et guess what? Il l’aime aussi. JOIE! C'est sans savoir qu'il s'agit de son fils que Jocaste l'épouse. Après l’épisode de Laïos qui ne la touchait pas même avec un balai, l’histoire d’amour qu’elle vit avec Œdipe est un rêve éveillé. Jocaste jubile et devient une femme libérée. Elle peut enfin aimer et être aimée en retour. Pour célébrer cette union parfaite, il la mettra enceinte quatre fois (de quoi s’assurer téter les seins de sa mère encore pendant un bon bout!).

Un jour, des rumeurs circulent au royaume et Œdipe ressent le besoin de clarifier une partie de son enfance qui lui semble nébuleuse. La réalité étant ce qu'elle est, oh!, il apprend que Jocaste, la femme qu’il aime et qu’il désire tant, c’est sa mère. Ce qui veut dire que les enfants qu’il a eu d’elle sont ses… frères!

Il ne veut rien voir. Ne peut plus la regarder en face. Se sent monstrueux. La sent monstrueuse. N’en peut plus. Se crève les yeux. Jocaste se suicide. Julie Vincent renaît. Ferme les yeux, touche son cœur. Remercie la foule qui la remercie d’avoir tout donné sur scène.

6.2.11

Femmes, frou frou et gin tonic


La designer québécoise Gabrielle Tousignant, de Kollontaï, a fait trembler l’édifice Grover en fin de semaine en ouvrant exclusivement aux femmes les portes de son atelier. Pendant que les hommes patientaient dans le hall, les femmes échangeaient robes et jupons, avis et conseils dans une ambiance particulièrement conviviale.

Situé sur la rue Parthenais à Montréal, l’atelier accueille des centaines de femmes lors des ventes de saison. L’intimité des lieux et l’accueil chaleureux amenent les femmes à converser et, on se doit de le mentionner, l’alcool gratuitement offert les incitent aussi à acheter et à se marrer ;)

Coût total de ma visite: 200$ (5 morceaux)
Plaisir: immense
Consommation: 1
Effet: aussi tipsy que si j'en avais bu 4. Peut-être s'agit-il de l'effet Kollontaï? Peut-être.
Modèle et photographe: moi (non, mais! ce qu'on peut faire avec un trépied et un déclencheur automatique)

http://www.kollontai.net


3.2.11

Béatrice et Virgile de Yann Martel

Décrire l'indicible n'est jamais facile. Cette réalité, Yann Martel l'a expérimentée dans son dernier roman, Béatrice et Virgile. Une fable tragi-comique sur l'Holocauste.

Le livre se découpe en deux sections: un essai suivi d’une fable. La première partie se rapproche de l’autobiographie. Henry, écrivain, explique la nuance entre le roman et l’essai, et parle des blocages en écriture, de la patience que nécessite le chemin vers l’édition, etc. Plus intéressant encore, l’essai pose une question fondamentale : peut-on tout mettre en fiction?

Même si l’essai traduit un certain inconfort, Yann Martel démontre un courage en abordant sa démarche. Le lecteur sent que l’auteur, tout comme Henry, l’écrivain dans le livre, s’est placé entre deux chaises (la fiction et la réalité) et qu’il n’est pas tout à fait convaincu du succès qu’aura son entreprise. La Shoah est une des pires tragédies de l’humanité. Entre 5 et 6 millions de Juifs ont été exterminés et peu ont été capables d’en parler lorsque le régime d’Hitler est tombé. Nous voilà 60-65 ans après ces horreurs, pouvons-nous en rire, ou, à la rigueur, en parler autrement?

Dans la seconde partie du livre, une ânesse, Béatrice, et un singe, Virgile, se distinguent comme protagonistes. Leurs noms proviennent de la Divine comédie de Dante (les personnages agissent comme guides vers l’Enfer). Les phrases courtes de leurs dialogues expriment un mélange d’humour et de gravité qui fait penser à celles d’En attendant Godot de Samuel Beckett.

« Béatrice : Ce chemin doit bien mener quelque part.

Virgile : Un endroit où nous voulons nous trouver?

Béatrice : Ça pourrait être une bonne nouvelle.

Virgile : Ça pourrait en être une mauvaise.

Béatrice : Qui sait?

Virgile : Ici, c’est sûr et plaisant.

Béatrice : Le danger pourrait s’approcher sans bruit.

Virgile : Il faudrait donc partir?

Béatrice : Il faudrait.

(Les deux restent immobiles)

Virgile : J’ai trois blagues.

Béatrice : Ce n’est pas le moment de raconter des plaisanteries.

Virgile : Elles sont bonnes, je t’assure.

Béatrice : Je ne peux plus. Ni rire ni même tenter de rire. De quoi que ce soit.

Virgile : Alors ces criminels nous ont vraiment tout volé. »

La presse est mitigée sur la pertinence d'une allégorie à propos de l'Holocauste. Certains critiques s’entendent pour dire que l’exercice est réussi, mais d’autres amoureux de littérature sont plus ou moins convaincus. C’est le cas pour la journaliste du New York Times, Michiko Kakutani, qui signe une critique particulièrement virulente à l’endroit du dernier livre de Yann Martel. Selon elle, l’auteur « banalise » l’Holocauste en l’abordant sous forme de fable.

Les différentes réactions montrent que l’Holocauste demeure un sujet sensible et qu’il est audacieux d’en avoir fait une fiction.

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Yann Martel est un écrivain canadien, connu pour Histoire de Pi, qui lui a valu le Man Booker Prize for Fiction en 2002. Francophone, il écrit en anglais.

Depuis 2007, Yann Martel poste à chaque quinzaine un livre accompagné d’une lettre explicative au Premier ministre Stephen Harper. Le dernier livre de ce projet, envoyé le 31 janvier 2011, est Incendies de Wajdi Mouawad. Toutes les lettres sont disponibles sur son site internet.

12.12.10

Oh! Les malotrus!

Les commentateurs de sport. C'est beau les boys en dehors des ondes!

Michel Bergeron a eu ben du fun dans une roulotte à Vancouver.
François Gagnon est au bord de la faillite.
Pis en passant, du K-Y c'est du lubrifiant.

On les pensait vulgaires et grossiers. Youppi! Ils le sont :)

Ça sacre, ça parle et de K-Y à l'Antichambre (RDS) from hockey11hockey11 on Vimeo.

7.12.10

Malaise littéraire

J'aime la poésie.
J'aime Xavier Dolan.
J'aime Odile Tremblay (chroniqueuse au Devoir).
J'aime le kétaine.
J'aime le Mont-Royal.

Mais tout ça ensemble, issssh, pas sûre.

C'est carrément malaisant de voir Odile boire les paroles de Xavier en clignant des yeux comme une cocotte de 20 ans et de la voir conquise et soumise s'accoter la tête sur son épaule. Tellement pas sérieux de les voir se balader main dans la main en récitant des vers! Ou poser en rockstar dans un cimetière!
Damn, je ne rêve pas!
Et c'est fait par l'ONF...

3.12.10

Cautionné/Condamné III

Cautionné

1. La Clique du plateau. Le blog. Parce que c'est l'fun de critiquer la critique. Et parce que la clique est prolifique en plus d'être divertissante.

2. L'émission Mixeur . La gastronomie à son meilleur. À travers le monde.

3. Pétunia et son gazou.Un real heartbreaker. Les années 50 en 2010, version canadienne.

4. Rob Brezny : Vous n'avez pas accès au Mirror (sorte de « Voir » anglophone)? Lisez l'horoscope hebdomadaire de Rob le hippie urbain sur freewillastrology.com. Il est tout simplement ma-la-de.

5. Les tounes naïves des chanteuses françaises. Comme Rose, Pauline Croze et Émilie Simon. Z’ont des petites voix, des petits mots sur des petites histoires. Ctu moi ou Coeur de Pirate ça ne le fait pas du tout?!

6. Le Placard, rue Mont-Royal, situé en face du Verre Bouteille. Vous cherchez un endroit ou étudier et ou on ne vous fera pas de pression pour que vous consommiez? C’est l’endroit idéal!
Mur de brique, banquette en velours, staff relax et clientèle silencieuse.

Condamné

1. Les sons de ferme dans les toilettes de « La grand-mère poule ». C’est comique, mais un peu bizarre…

2. Les gens qui disent « Califournie » pour Californie et « cardamone » pour cardamome. J’ai les oreilles qui sillent rien que d’y penser.

3. La « pub » contre l’intimidation sous le même frame que « Wo! » contre les gaz de schiste, faudrait peut-être engager un autre concepteur à un moment donné…

4. Les cupckes et les macarons, véritable plaie du Plateau.

5. Une planche à découper en verre: c'est-tu vraiment nécessaire pour nos conduits auditifs ça?!

2.12.10

It's not what you think

Cuisiner à la japonaise n'aura jamais été si facile avec Francis (à prononcer Franne-cis).
"Cooking with dog" n'est pas une blague et non, Frannecis ne prendra pas en feu (merde!).
Sous une musique de Chopin, les plus grandes recettes japonaises vous sont révélées au grand jour.
Sur le "channel" Youtube, leur slogan est : It's not what you think.
On pensait justement que si on avait voulu faire une joke, ça n'aurait pas été aussi bon.

Aux amateurs du manga Naruto: le truc blanc et rose (déco à base de poisson) que vous voyez dans le vidéo s'appelle un Narutomaki, et c'est ce qui a inspiré le nom de Naruto. Naruto= tourbillon. Maki=rouleau. D'où le tourbillon sur son bedon.

29.11.10

Gare ouverte

Dans ma tête des phrases comme des wagons se croisent. Je remets mon capuchon. Les mains dans les poches. Je n'entends que du bruit.
On dit qu'il fait froid dans les rues. Sur mon visage la pluie.
Tant pis. Je fais la moue. Les mains en poing au fond des poches.
Finalement, il n'y aura pas de lendemain. Vraiment? Vraiment.
Alors je ne dors pas.
La pluie me fouette le visage. Je pense à boire jusqu'à la lie le bonheur. Je tends la langue. J'en prends plein la gueule.
Voilà que les trains vacillent. Je secoue la tête. Ça ne change rien. Alors j'attendrai le détour. J'attendrai le temps. On dit qu'il passera. Qu'il passera j'ai dit. J'attends. Je dis: attend.

27.11.10

Un casse-cou en Afrique


La Frousse autour du monde tome 3 de Bruno Blanchet

Attachez-vous! Avec son nouveau livre, Bruno Blanchet nous propulse vers l’Éthiopie, le Yémen, l’Ouganda, la Tanzanie, Madagascar, l’Afrique du Sud et la Thaïlande. Là où on retrouve des mouches tsé-tsé, de la corruption, de la mauvaise télé, mais où il y a aussi des sourires et des bras ouverts, des flamands roses, des desserts délicieux et des variétés de bananes qu’on ne croyait pas possible (verte et bleue, vraiment? Haha!).

À bord de son vélo nommé Fidèle (faute de voyager en âne…!), au cinéma ou à un show de métal africain peu crédible, errant dans les ghettos trash ou voguant sur un rafiot avec un ornithologue-Hooligan, les pérégrinations de Bruno ne manquent pas de piquant et d’originalité.

Dans la Frousse autour du monde t.3, Bruno Blanchet s’amuse à transgresser les frontières, à jouer avec les limites de l’acceptable, à désobéir aux règles préétablies, à notre plus grand bonheur de lecteur.
« Dans deux jours, je repartirai en direction du lac Tanganyika. Six cents kilomètres. Dont 150 à travers un parc national où abondent les éléphants, les girafes et les lions. Dangereux? Oui. Mais je ne crains pas les lions. J’ai appris un truc. Tu leur rentres la main dans la bouche, tu leur saisis la langue, tu tires de toutes tes forces et, floc! tu les vires à l’envers, comme des bas sales. » (p.72)

Depuis 2004, Bruno écrit ses chroniques de voyage dans la Presse chaque samedi. Pour cette raison, il s’adresse parfois à ses lecteurs qui lui écrivent régulièrement. Il les remercie pour leur engouement, répond à leurs questions, et fait suite à leurs observations.

« En résumé, le soleil proche couché, samedi, je suis nowwhere, j’ai ni sac de couchage, ni tente […], j’ai faim et je fais dur. Un lecteur […] me demandait dans un courriel « ce que je f’rais si je me r’trouvais coincé au milieu de nulle part. » Voilà, j’aurais faim et je ferais dur! » (p.80).

Force est de constater que ses mésaventures ne l’ont pas refroidi… Il est toujours aussi fougueux et désopilant. Gageons que vous dévorerez le bouquin en moins de 2 jours.

17.11.10

Let's fall in love




Parfois, l'amour "entre dans notre coeur comme une balle perdue" (merci Dédé).

L'amour nous transperce. On s'imaginer alors tout balancer pour un plan fouareux, juste pour faire de la route, les cheveux dans l'vent et plonger si loin jusqu'à perdre connaissance.


Avec Benoît Paillé, je suis tombé en amour au moins 100 fois en une heure. Ses photos, on a envie d'y entrer, d'aller voir les petits détails. Faire le tour de la mise en scène, chercher des poux, virer un peu fou.


J'ai découvert ce photographe en regardant une webtélé sur TV5 qui s'appelle Sainte-Cécile.


Cette webtélé m'avait plu pour ses images plus que pour ses textes. Je m'étais dit que le directeur photo devait manger des néons tellement c'était lumineux.

Un de ses projets a été de faire de la photo d'étranger. En les apostrophant tout bonnement dans la rue. Tiens, y'en parle dans une entrevue de sa démarche.


Bref. Plongez. Plongez. Plongez. Les yeux ouverts.












6.10.10

J'aime les tops 10

La déambulation avec un Iphone dans les rues de Montréal amène son lot de découvertes. Oui oui!
Voici mon top 10 des noms de connexions Internet trouvées en me promenant:

10. Enrico Souave (sur Jean-Talon)
Y'a ben juste un Italien pour avoir un nom de famille comme ça. J'me demande s'il est doux.

9. Un apache (sur Mont-Royal)
Après l'Italien, l'Indien! Mtl t'es tellement multiethnique.

8. Appart en déclin (sur Rachel)
Bordel, il est où l'ordi?

7. Drugs not jobs (sur Des Carrières)
Faut quand même en acheter non? "J'fais de la poudre/pour travailler plus/pour faire plus d'argent/pour faire plus de poudre/pour travailler plus/pour faire plus d'argent/j'fais de la poudre...." Merci Vulgaires Machins.

6. Tropcurieux.ca (sur Rosemont)
Eh ben. Ça a marché pour moi. C'est un blog ;)

5. Do you want me (sur Sherbrooke)
We all want your connexion, baby.

4. Virus (sur Marianne)
Classique. Classique. Et dissuasif!, car les chances d'attraper l'ebola ou bien la fièvre aphteuse sur le Net sont très élevées, tout le monde le sait.

3. Dumbass Network (sur Bellechasse)
Selon Urbandictionary, A dumbass is "A person is both stupid (e.g. dumb) while also stubbornly refusing to stop being stupid when asked (e.g. ass)" Arrête de parler à ton routeur, dumbass!

2. Tabarnak de routeur (sur Rosemont)
Version Québécoise du 4.

1. I hear you having sex (nos voisins)
Euh... vraiment?

14.7.09

The Cougarettes: du 8bit complètement déjanté


Exit les Cougarettes pom-pom girls. Je vous parle du band. Vous connaissez? Non, sûrement pas..., moi-même ce nom ne me sonnait aucune cloche jusqu'à temps que je les vois en show à la S.A.T samedi soir. En fait, c'est à moitié vrai, je les avais déjà entendu sans le savoir. Ouais. Dans un épisode de nos chers Invincibles.

The Cougarettes c'est un band électro-visuel montréalais qui n'ont pas encore d'EP (ça viendra à la fin juillet), mais qui, selon moi, ont un avenir très très prometteur. Ce quatuor déménage avec des sons de bass pesantes, de consoles vidéos et d'effets vocaux futuristes.
Live c'est assez impressionnant!
Le seul problème avec ce band pour l'instant c'est qu'ils n'ont pas assez de tracks pour nous, pauvres débiles qui en voudraient encore plus dans les veines!

Vous en entendrez parler. Et méfiez-vous, il s'agit d'ouvrir vos oreilles pour que The Cougarettes s'emparent de vos pieds!!

Au Festival OFF de Québec avec Le Matos ce vendredi 17 juillet
À la Sala Rossa pour leur lancement le 23 juillet
Ou... découvrez leur musique avec myspace

26.2.09

Viruuuuuus

Eh ben ouais. Mon ordi est mourru. Comme dans mort mort mort.
Je croyais que j'allais être trisssss. Comme dans triste triste triste.

Mais non.

Je lis, je fais des mots croisés (qui a déjà essayé la Super Grille du dimanche?!) et je retrouve mes dictionnaires. C'est bon l'odeur du papier. Ç'a plus d'âme que des pixels.

Je réécrirai ici quand mon portable sera revenu de chez le ramancheur des temps modernes :))

D'ici là, portez-vous bien.

Au fait, pour ceux qui ne connaissaient pas encore ImprovEverywhere, voici ce dont ils sont capables de faire: "Frozen Grand Central".

5.2.09

Sang noir sur écran


Je n'ai pas peur des foules. Pas peur de sauter dans le vide. Ni de faire du pouce. Pas peur non plus des Hells, des Rock, des Rouges, des polices du Guatemala armés jusqu'aux dents. Non, vraiment, je n'ai pas peur de tout cela. Mais ce dont j'ai peur, c'est de la gratuité.
Peur du caractère random d'un acte violent.

Le 6 décembre 1989, j'aurais eu peur mais j'étais trop jeune. Vous savez, le jour ou Marc Lépine a décidé d'en finir avec les féministes. D'en finir avec sa vie aussi. La jour ou il y a eu 15 vies de perdues, gratuitement enlevées. Et dans un établissement d'enseignement: à la Polytechnique de Montréal. Un véritable carnage.
Vous vous rappelez peut-être mieux de Columbine (1999), W. R. Myers - Alberta (1999), Dawson (2006), Virginia Tech (2007)? Comment vous êtes-vous senti mes chers étudiants? Moi, ça m'a plongé dans la totale incompréhension. Et ça m'a foutu les jetons.

À ce sujet, je suis allée voir la première du film "Polytechnique" de Denis Villeneuve (Maëlstrom) au cinéma l'Impérial - qui est absolument magnifique soit dit en passant -. J'aimerais bien faire une critique détaillée de ce film, mais mon point de vue ne serait pas objectif parce que l'histoire s'est réellement déroulée et que c'est trop proche de moi pour que mes perspectives ne soient pas brouillées. Je ne ferai qu'un synopsis.

Les évènements sont racontés sous trois points de vue: celui du tireur -qu'on ne nommera jamais- (Maxim Gaudette), celui d'une étudiante survivante à jamais marquée par la violence de cette tuerie (Karine Vanasse) et celui d'un étudiant qui tenta d'aider les victimes lors de la tuerie (Sébastien Huberdeau). Le directeur photo, Pierre Gill (Eldorado, Maurice Richard), a su rester sobre en choisissant de présenter le film en noir et blanc. Idem au niveau de la musique: Benoît Charest (Triplettes de Belleville) a opté pour une ambiance austère et respecteuse. On a aussi économisé sur le texte du scénario.
Peut-être que plutôt qu'expliquer, on voulait exorciser les évènements tragiques. Point.

Pour ceux qui n'ont pas aimé Elephant de Gus Van Sant, ne vous inquiétez pas, même si c'est au sujet d'une tuerie, Polytechnique trouve sa propre voix pour parler de ces évènements tragiques. Ce n'est pas un ersatz de quoi que ce soit. Dieu merci.

En salles à partir de demain.

4.2.09

Ça veut dire être très fatigué, non?

Pierre Labordes, député du parti de Sarko, a souhaité la bienvenue à Jean Charest au Sénat français ainsi:

- J'espère que vous n'avez pas trop la plotte à terre!

Charest n'avait pas l'air d'avoir la mine déconfite suite a cet accueil, il a dit n'avoir pas compris, qu'en France, ça ne devait pas avoir la même signification.

Comme le mot "con".

29.1.09

2. Porte-Folio

Je n'ai pas titré mes photos. Mais j'aurais peut-être du.

Je me sentais assez post-moderne (déformation universitaire) et l'ajout d'un titre à mes photos allait suggérer une suite dans mes idées. Or, j'ai pensé: à mort la linéarité et les conclusions fallacieuses qu'on puisse en tirer! Mon idée était plutôt qu'il y ait un contraste entre les différentes photographies. Qu'on les isole les unes des autres pour les considérer hors de tout ensemble. Comme si on regardait une pièce de casse-tête sans se soucier de l'image dont elle provient.

Il me fallait effacer le temps et l'espace. Évoquer l'hiver sans les saisons. Avoir les deux pieds dans les sables mouvants du présent et se dissocier du passé bétonné.
Devenir la Warhol de la photo.

Je n'ai pas titré mes photos. Mais j'aurais peut-être du finalement.

La veille de ma remise, j'ai décidé de les mettre en ordre chronologique et ça a tout bousillé mon projet postmoderne.

Je sais, c'est nul.

Je hais aussi la linéarité parce qu'on y revient toujours. C'est la dictatrice du chaos.

*

Il y a 31 photos dans mon porte-folio, mais le hasard m'impose constamment les mêmes lorsque je l'examine. Allez savoir pourquoi.

Freud aurait pu m'aider. Mais, oh, snif!, ce père de la psychanalyse est mort. Dommage. Je suppose que cela restera dans le domaine de l'énigme alors.


16 juillet

Photo d'un groupe de jeunes, jeans et tee-shirts noirs, sur le parvis de l'Église Sainte-Julie. Il fait un soleil éclatant mais il manque un rayon important: celui de l'amie, l'amante, la soeur, la Marie-Claude Forest que tout le monde pleure. La mère, seule à côté du groupe, essuie une larme, gantée de noir.

23 août

Sur les tuiles noires et blanches de ma cuisine, en vision micro, une souris. Sur ces tuiles sont placées des pièces d'échec avec pour roi une trappe. Du Rochefort comme appât n'était peut-être pas la meilleure idée: la souris s'est enfuie. Avec un cheval entre les incisives... en faisant des L jusqu'à sa cachette.

9 septembre

Prise de vue à partir du restau-lounge le Laïka sur Saint-Laurent. On ne voit pas l'autre côté de la rue: trop de camions, de poussière de roche, de pelles, de passants qui lèvent les mains, l'air de pèter une coche. En mouvement, à droite, un courrier à vélo tente de se frayer un chemin à travers des cols bleus, pas vraiment bleus d'ailleurs, mais plutôt oranges à cause des casques oranges et bruns à cause des chemises brunes. Contrairement au SA qui ont pris d'assaut l'Allemagne, nos cols bleus en chemises brunes se limitent à assaillir la...Main. Fiou.

19 septembre

Punta Cana, pina colada et "ayayaye, j'en ai trop bu par-là". Merde, je me demande vraiment pourquoi j'ai inséré celle-là dans mon porte-folio. Reste que les couleurs sont magnifiques. Bleu pour la mer, jaune pour l'ananas et rouge pour le coucher de soleil sur le visage de mon beau-frère.

23 septembre

Aéroport Dorval. Les valises lourdes se mêlent au ciel lourd lui aussi. La pigmentation des guichets et passerelles, restaurants et hôtesses, a disparu. Il n'y a le gris qui puisse s'imposer. Le gris uniforme du transit. Et, malgré les énormes horloges fixées aux murs, tout semble immobile. On a fait que suspendre le temps.

11 novembre

Photo à faire paraître dans les faits divers ou en première page (dépendamment si Charest fait une bourde ou pas): un ancien combattant de guerre gagne à la Lotto. Sous un décor de bleu et de blanc, à l'image de Loto-Québec, Bertrand Goulet exhibe son billet. Son rêve? Une chaise masseuse avec option latex, menottes et fouet. C'est pas parce qu'on est vieux et blessé qu'on peut pas être con.


25.1.09

1. Palpitations

Il est sept heures du matin et mes yeux sont semblables à ceux du chat botté de Shrek ou d'un junkie de la rue Frontenac. Énormes avec les pupilles qui prennent toute la place de l'iris. On pourrait dire que je n'ai pas dormi de la nuit, mais ce serait mentir puisque j'ai accumulé une belle heure de sommeil (composée en petits fragments de dix-quinze minutes)! De dire que je suis reposée et sereine serait également du baratin: mon inaptitude culinaire due au stress me donne une petite envie de dire caliss. J'ai brûlé mes oeufs, mon bacon est aussi croustillant qu'une barre de fer et mes patates goûtent le congélateur. Pas que je suis pessimiste mais j'ai une appréhension pour ce qui est de la suite des choses...

C'est qu'aujourd'hui j'attends un appel. J'ai passé une entrevue mardi dernier pour un poste de photographe au journal La Presse. Ouais, je n'ai pas étudié en art visuels pour rien. J'aime capter mon environnement à son insu. Photographier les failles. Saisir la vulnérabilité. Jouer avec les perspectives.

En plus, ce métier a des privilèges non négligeables. On nous installe toujours à l'avant. Dans l'ombre. Pour photographier pleurs, peurs, sourires et rires jaunes. L'exclusivité quoi. En prime, nous, photographes, sommes au fait que le rappeur Snoop Doggy Dog porte le parfum Adidas. Que Marie-Jo Thério boit de la St-Ambroise noire. Que le garde du corps de Fabienne Larouche est le même que celui de Marie Laberge. Que Gilles Duceppe fait de la rosacée et que Michèle Richard a une aversion pour ses fossettes.
Enlevant, vraiment.
Je ne sais plus si c'est tout à fait mon rêve de faire ce métier, mais c'est tout de même la curiosité qui m'a poussé à appliquer...
Mon porte-folio m'a pris des heures et plusieurs café-Chomedy à faire. Des nuits à trembler sous l'excès de la caféine et de l'alcool. Des nuits à me dire que la terre entière était de la grosse marde. Que mes photos ne voulaient rien dire. Qu'il n'y avait rien derrière qui puisse être du domaine de la béatitude ou du malheur. Qu'un gosse de 5 ans aurait pu faire mieux avec un Polaroïd, que ma grand-mère ou son chien auraient été meilleurs!

Ma routine n'était d'aucune originalité; elle consistait à bosser, dormir, manger, boire, procrastiner. Et l'ordre pouvaient varier en fonction des périodes de ma journée.

Dans ma chambre noire ou sur mon portable, je ne réussissais qu'à travailler la nuit; loin du raffut diurne. Le matin, je tentais de dormir un peu et ça me prenait l'après-midi complet pour me botter le cul. Je regardais par la fenêtre, essayais de m'imaginer le temps qu'il faisait en regardant le vent dans les arbres, la couleur du ciel, la démarche des passants. Puis, j'allais faire bouillir de l'eau dans une casserole. Face à la cuisinière, j'attendais que les petits bouillons émergent à la surface. Une fois bouillante, je versais cette eau dans une cafetière Bottom et j'attendais encore. On m'a dit 5 minutes à la brûlerie St-Denis. Alors 5 minutes à fixer les grains de café qui s'agglutinent ensemble. Et finalement pousser tranquillement la tige avant de verser ce nectar dans une vétuste tasse du Village des Valeurs.
Rose pâle avec des petites fleurs. Le Chomedy ou le Brandy accompagnait mon café plus tard, après 9 heures ou 10. Lorsque je voulais enfin mettre la main à la pâte, une envie de me faire un autre café me venait à l'esprit. Et je pouvais passer l'après-midi comme ça.
À attendre et à boire.

Arrivées les 6 heures, un vent de panique -sorte de déclic- me dominait soudainement. Fallait m'y mettre. J'entrais alors dans ma chambre noire avec mes écouteurs, au son progressif de Thom Yorke ou Richie Hawtin, espérant que les notes de musique me donneraient le coup de pouce nécessaire.

Mais souvent j'étais énervée: je déchirais mes photos, lançais mes négatifs sur les murs, donnais des coups de poing sur mon Mac. De ma bouche défilaient les « Bordel! » , « Cochonnerie! », « Rien ne marche! ». À ces moments, la seule solution était de me traîner jusqu'à la cuisine pour casser la croûte avec des huitres en conserve que j'écrasais sur un craquelin au fromage. Et bien sûr, je me faisais un autre café.

Une éternelle question me taraudait: pourquoi ne pas vouloir devenir cassière de dépanneur? Pourquoi vouloir retoucher si longtemps des images quand on peut seulement remettre de la monnaie à un client et le saluer machinalement? Ou je ne sais pas moi, eh, gardienne de parc la nuit? J'aurais pu regarder la lune et le soleil se lever! Vraiment, c'est à n'y rien comprendre que de désirer harmoniser les couleurs, ajuster les ombres et mettre en relief les petits détails d'une photo rien que pour faire beau. Beau pour qui à part de ça? Et photographe pour un média, c'est vraiment mon désir absolu? Merde, ça m'a pris quinze jours pour faire quelque chose qui ressemble à un porte-folio!

Et je n'ai pas eu assez de temps ou pas assez de talent pour faire mieux. La date limite pour les demandes d'emploi était vendredi passé et je l'ai remis le jour même, à 15h30, dans les mains de la réceptionniste-petite-craque-grosses-cuisses-. Je n'ai même pas pu aller fêter cette remise parce que j'étais aussi épuisée qu'un hamster qui vient de spinner la nuit dans sa roue.

Le lundi suivant, je me suis réveillée par l'appel d'Isabelle Beauchamp des ressources huamines pour une convocation à une entrevue le lendemain, soit mardi. Je ne pensais pas pouvoir me rendre à cet entretien. J'avais dormi toute la fin de semaine mais on aurait dit qu'il me fallait dormir six mois de plus. J'aurais voulu me transformer en ours. Attendre. Cachée dans la neige.

Je me suis tout de même présentée mardi. Jupe noire aux genoux, chandail molletonné bleu métallique jusqu'au cou et stress palpable si on me fixait les poignets. Arrivée dans le bureau, Mme Beauchamp et un autre homme qui prenait des notes pour elle, ont survolé mon porte-folio et m'ont expliqué le fonctionnement de la boîte après une visite guidée élaborée. Tout y est passé: la salle de nouvelles, les locaux de la technique, les studios d'enregistrement, etc. J'ai même pu visiter les toilettes du deuxième étage parce qu'il fallait que je me vomisse les tripes. Trop stressée.

J'ai terminé l'entrevue blême comme un fantôme et tremblante comme si je m'étais développé un Parkinson pendant notre rencontre. Mme Beauchamp m'a salué en élevant dans les airs mon porte-folio en guise de « je regarde ça attentivement et je te donne des nouvelles plus tard » puis son assistant m'a serré la main. Mon porte-folio doit être soumis au comité d'évaluation et ils me donneront des nouvelles vendredi, que ce soit positif ou négatif.

Nous sommes vendredi.

Tous mes symptômes d'entrevue sont revenus. Je ne tiens pas debout, je renverse du café partout.

Sept heures et demie maintenant.

Les bureaux ouvriront bientôt et ils m'appelleront que je le veuille ou non. Au secours. J'ai l'estomac, la rate, le foie, mes entrailles en entier dans la bouche! Et si je bois un autre café, je crois que je vais me liquéfier sur le plancher sans savoir si j'aurais eu le job ou non. Quelle perte. Ok, non. Je n'ai pas tout fait ça pour rien. Ok. Calme. On respire par le nez. Restons en vie. Ok. Pour la centième fois, je vais regarder mon porte-folio en me demandant bien si ça intéressera le comité d'évaluation.

Inspiration-Expiration.

Regarde ça d'un oeil extérieur. Déconnecte. Mets la switch de l'auto-critique à off. Fume un joint, tiens.

14.1.09

Cautionné/Condamné II


Cautionné

1. L'igloofest.
Danser en plein hiver sous une petite neige et le meilleur électro? Définitivement plus orgasmique que les fraises et le chocolat réunis. Ça commence en fin de semaine. J'y serai vendredi prochain (à soir, fait trop frette!) et je vous en redonne des nouvelles, promis.

2. La psychologie masculine dans la série télé Minuit le soir.
Rien ne se dit, tout est contenu entre les lignes; on se croirait dans une pièce de Ionesco! Les personnages sont tordus et vraiment attachants (malgré leur incapacité ponctuelle à se parler "des vraies affaires"!). Je lève mon chapeau au scénariste Pierre-Yves Bernard.

3. Le rap festif d'Accrophone.
Les deux rappeurs de Québec (Claude et Emmanuel) n'ont qu'un album à leur actif « Duo de balcon » mais quel merveilleux album! Bien écrit, musical, achevé; bref, l'équilibre est parfait. Les petits rifs de guitare sont délicieux, les scratchs de turntables bien dosés et l'utilisation du snair donne un côté duveteux à la musique. Et les paroles? Bah, c'est du rap alors c'est sur des thèmes qu'on connaît du rap: la ville, l'attachement à la terre natale, l'enfance, l'amour, le futur, le combat et l'écriture. Z'ont réussi à faire quelque chose de plutôt senti sans être trop cheezy.
Leur prochain album est pour le printemps et j'ai sérieusement hâte de voir ce qu'ils nous réservent. À voir aussi si vous aimez: Boogat.
4. Zen le pouvoir des fleurs (sur Mont-Royal)
Coup de coeur pour leurs arrangements floraux si originaux. En plus les employés sont sympas, décontractés, flexibles et salement créatifs! Tellement "Plateau" mais tellement esthétique!

Condamné

1. Les rumeurs concernant Carey Price et Georges Laraque.
Alors que ce premier a des problèmes de chevilles, on lui colle une désintox sur le dos! Et Laraque ne feint pas d'être blessé, des douleurs au dos l'empêchent de patiner. C'est quoi ces histoires de merde, les médias ont vraiment du temps à perdre...

2. L'horoscope de jeudi dernier dans la presse:
« En ce samedi de pleine lune, vous aurez des difficultés à prendre des décisions raisonnées, essayez de vous poser les bonnes questions avant d'agir ». Effectivement, j'ai été mêlée toute la journée: « on est-tu jeudi ou samedi? » et je ne savais pas si je devais aller porter mes poubelles au chemin...

3. Les « chockeux ».
Ceux pour qui c'est maladif. On est pu capable. Il y a deux mots qui peuvent être utilisés lorsque nous ne sommes pas sûr et c'est « peut-être ». Comme ça, personne n'est déçu et celui qui se désiste ne se sent pas cheap. À proscrire si on vous demande si votre nom est bien Monsieur/Madame Untel. Ça peut paraître bizarre et un peu psychotique.

4. Les bananes et les avocats à l'épicerie.
Ça ne mûrit jamais sur les étalages ou quoi?

À classer: Les amis qui se tirent aux quatres coins de la planète.
On est heureux pour vous mais on s'ennuie terriblement aussi... Bonne route ma Rose et ma p'tite Émilie!

On repart la machine

Coucou!

Pour ceux qui se sont demandé « quossé qui se passe avec elle? » parce que ça fait un bail que je n'ai pas donné de nouvelles ici et bien sachez que mon ordi a éprouvé plusieurs difficultés et que mon p'tit coeur aussi en ce début janvier. So, eh, je suis à la recherche de nouveaux stimulis! Feedez-moi en beat, en sorties, en niaiseries, j'en serai la plus heureuse! En plus, ça me fera des thèmes pour écrire... Et puis tant qu'à y être, si y'a du monde willing pour n'importe quel sport d'hiver (patin, ski, snow, ski de fond, raquette, crazy carpet!), appelez-moi, je serai plus que ravie de vous avoir avec moi pour aller dévaler les pentes, se perdre dans le bois ou bien rire en se passant une poque...!
Et on est si beaux avec les joues rouges autour d'un chocolat chaud :)

P.s. Je vous reviens avec un feuilleton ou eh... une sorte de roman de gare. Je ne sais pas encore ou ça mènera. Peut-être vers les galaxies. Peut-être nulle part. Anyway, fuck la complétude: vive les dents croches et les pages manquantes. Ici, l'idée est de vous divertir minimalement et de pousser la crap qui encrasse mon crayon. Pour la suite des choses, on verra.

15.12.08

Calée mais heureuse au fond d'une piscine

Pour ceux qui ne le savaient pas encore (ça m'étonnerai étant donné ma grand'yeule), j'ai une nouvelle dépendance qui m'anime et me fait perdre mon temps dans la joie et l'allégresse: le hôôôôôckey!

Ayant suivi le parcours des Habs religieusement (et avec engouement!) l'année dernière, je me suis dit que je pourrais participer à un pool de hockey cette année. Un ex-collègue et fellow de poker m'a invité chez lui, un soir d'octobre, afin que je puisse choisir des beaux joueurs en ayant préalablement allongé 20$ sur la table. Le seul hic était que, même si je connaissais les joueurs des Canadiens par coeur ainsi que les joueurs dangeureux que nous avions affrontés en séries(je pense à Savard ou Kessel des Bruins ou bien Mike Richards des Flyers et ce fucking Brière que les montréalais aiment tant huer), je ne connaissais pas la ligue nationale de hockey pour autant. Nous devions choisir 6 attaquants, 3 défenseurs, un gardien et une équipe et j'ai choisi à peu près n'importe quoi.

Logiquement, ce sont les attaquants qui font le plus de points, il faut donc les sélectionner d'abord puisqu'on doit choisir un joueur à tour de rôle et que les meilleurs partent assez vite merci. N'ayant aucune stratégie, j'ai choisi Niedermayer en deuxième (un défenseur des Ducks que j'avais remarqué pendant la saison... pour son nom!) ainsi que A.Kostitsyn en 4e pour ses origines biélorusses.

J'ai mangé un paquet de mini-carottes en choisissant mes joueurs.
Ça ne m'a pas donné plus de vision: je suis 9e sur 9.
Et ce, depuis le début.

Mon meilleur choix fût Joe Thornton des Sharks, un autre choix au hasard. Il sait accumuler des points mais pas autant que cette saleté de Crosby. Mais vous savez, même étant dans les abysses de ce pool, je m'amuse comme une petite folle. La section des sports est celle que je lis en premier même si Réjean Tremblay dit des conneries à la Lance et Compte et que François Gagnon n'a aucun vocabulaire... Je navigue aussi sur des sites de stats et m'informe sur la progression des recrues. J'ai même trouvé un site qui s'appelle "HabsTV"pour les accros des Nanaiens. Une section "Canadiens 1-on-1" nous introduit dans l'intimité des joueurs. Certaines questions pertinentes leurs sont posées such as: "who wears too much cologne?" ou bien "quel est le chemin pour conquérir le coeur d'une femme?". Moi j'ai trouvé la réponse à "comment bien perdre mon temps" :) Go Habs Gooooo!

Au fait, pour les fans débiles comme moi, y'a un spécial hockey de l'exquise revue Urbania ce mois-ci.

11.12.08

"Bring down the birds"


Hancock dessine les vitrines sur St-Laurent

8.12.08

"Le piège américain"... piégé!


Saviez-vous que Fabienne Larouche donnait dans le thriller politique? Vous vous foutez bien de ce qu'elle pourrait faire d'autre que le monstre de Virginie, rien que son nom vous horripile? Eh ben, je serai dure ici mais vous avez peut-être raison. Ce qu'elle peut faire au cinéma ne vole pas plus haut que ce pourquoi vous la connaissez déjà et ce, même si elle s'entoure d'une équipe du tonnerre (réalisé par Charles Binamé et interprété par des bonzes du cinéma candien-québécois-français).

L'idée était cependant bonne: retracer la vie de Lucien Rivard (incarné par Remy Girard), ce caïd québécois bien connu aux États-Unis, dans une perspective historique. Le seul problème: l'équipe de production a voulu trop en faire. À force de penser "BIG", on s'est tiré dans le pied. Solide.

Les ramifications
Pendant 1h30, on se casse la tomate afin de comprendre le lien entre Lucien Rivard et les Kennedys. Parce que c'est le parallèle qu'on veut nous présenter. Rivard, trafiquant de drogue et d'armes, aurait trempé dans cette histoire d'assassinat des Kennedys. En plus de suivre le réseau de Rivard, les scénaristes se sont donné pour mandat de refaire la chronologie des années 1960 aux États-Unis - archives et reconstitutions à l'appui. Mais l'histoire des Kennedy est compliquée (et non élucidée, considérant le fait que Lee Harvey Oswald - présumé coupable de l'assassinat de JFK - a été tué par Jack Ruby suite à son arrestation et que toutes sortes d'hypothèses circulent encore au sujet de la mort de JFK), alors de faire le parallèle entre deux histoires aux ramifications complexes est pour le moins ambitieux et c'est ce qui donne un résultat ennuyeux: l'Histoire doit se passer à travers les dialogues! Alourdis par tant d'informations qui doivent nous être transmises, ceux-ci n'avantagent aucunement la crédibilité des personnages. Impossible de s'attacher à Remy Girard, Colm Feore et les autres puisque nous avons affaire à des marionnettes qui débitent des faits, des dates, des moments historiques. En somme, la trame narrative est carrément déficiente et ce, au détriment du jeu des acteurs.

Who's who?
À travers les dialogues, on comprend toutefois que les trafiquants se backstabbent et qu'il n'y a personne sur qui Rivard peut vraiment compter. Mais il faut retenir leurs noms (et leurs têtes!) si l'on veut comprendre quelque chose à cette histoire tissée en toile d'araignée. Et il y en a trop. Rivard, Bishop, Mondoloni, Marcello, Cheramie, Ruby: tous impliqués de près ou de loin avec la mafia. Mais il y a aussi l'Histoire américaine: John F. et Bob Kennedy, Oswald - Ferrie - Shaw (les 3 sont reliés à l'assassinat de JFK), McClellan (avocat dans cette histoire de mafia) et même Hoover! Chez les Cubains, il y a Batista, Fidel, le Che et cette histoire de "Baie des cochons" qui revient comme un traumatisme d'enfance. On nous transporte même en France et en Indonésie. Même si les lieux présentés sont absolument à couper le souffle (très belle job du directeur artistique), à un moment donné, à trop vouloir en mettre en si peu de temps, on tombe dans le piège de l'incompréhension!! Bref dans le thriller politique, on a vu mieux. Décidemment, Fabienne et Charles ont voulu jouer les Oliver Stone mais sans son talent!

Petit bijou au coeur de ce gros film en toc
Je dois quand même donner une mention spéciale à Joe Cobden pour son excellent rôle de Jeffrey Cohen, enquêteur au service de l'Agence des narcotiques ayant hérité du cas Lucien Rivard. Grand connaisseur des réseaux autour de ce caïd, il aurait pêut-être été intéressant de le suivre, lui, afin de comprendre le rôle de Rivard dans la mort des Kennedys. En petit film noir à part de ça, mmmmm, j'avoue que je fantasme.

Et vous, l'avez-vous vu?

p.s. Au fait, si ce sujet vous intéresse, il y a JFK d'Oliver Stone, qui est basé sur le livre de Jim Garrison, 208 minutes - attachez votre tuque! -, sorti en salle en 1991.

6.12.08

C'est Trentemøller l'Artiste.

Coup de coeur musical
D'origine danoise, Anders Trentemøller est un dj mais aussi un compositeur de musique. Il a conquis mon coeur et a fait valser mes veines. Son parcours: Trentemøller débute sa carrière en 1997 aux côtés de Dj T.O.M, mais leur collaboration ne dure pas longtemps puisqu'en 2000, il entame sa carrière solo. Après la parution de nombreux "maxis" (Extended Play - entre le single et l'album - ) sous son nom, c'est en 2006 que Trentemøller sort son premier disque intitulé "Last resort" sous le label minimaliste "Poker Flat". Ça, c'est pour vous situer le mec parce que je dois vous avouer que Trentemøller est une bombe scandinave un point c'est tout.

Hier, bien écrasée dans mon salon avec Phyl et Mic, je réécoutais pour la énième fois sa discographie. C'est là que m'est venue l'envie de le classifier, ce fameux Trentemøller. C'est quoi ton genre bébé, hen? Du minimal-house, ça se peut? Oui mais nah, ce n'est pas que ça. À vrai dire, Trentemøller nage à travers diverses ambiances et c'est ce qui complique la chose lorsqu'on en vient à identifier son genre musical. Parfois dub, house, minimal, new wave, futuriste ou ambiant, ce compositeur se fait un malin plaisir à allier des sons électro (en faisant appel à des "turntablistes"(?!)) et des sons de clavier, guitare, basse et drum. Le résultat est divin. Énergisant. Envoûtant. De quoi masser les dieux après les avoir épuisés.

Mélange de palpitation
Comme j'vous dit, Trentemøller est un type qui fout tout au blender. On s'en rend compte puisqu'il est autant difficile de cerner ses influences que de le comparer à un autre artiste. Je tenterai tout de même le deuxième exercice.
Certaines de ces envolées à la guitare, comme dans "The very last resort" sur le 1er album, rappellent le côté progressif de Calexico. Plus près de chez nous, Trentemoller flirte avec Amon Tobin pour les beats de drum qui sont à certains moments riches et denses mais il ressemble aussi à un DJ Champion pour les guitares électriques pesantes comme sur la track "Vamp". Trentemøller peut aussi se glisser dans le style ambiant un peu cheezy, mais réussi, à la Mushroom Jazz mais avec deux doigts de whisky en plus et une couple d'instru en cuivre.
Au-delà de tout ça, et sans le comparer à personne, ce sont les pistes comme "Killer Cat", "Beta boy" et "Chameleon" qui nous indiquent que toute sa création est fondée sur le house (qu'il soit minimal ou casse la baraque, pardonnez mon manque de termes musicaux!). Que c'est là qu'il maîtrise la matière. La voilà la bombe scandinave. Trentemøller fait exploser les carotides et sauter les jugulaires en plus de donner des coups de 12 sur nos pieds pour qu'on danse comme des poules pas de tête. Éclatons tous ensemble dans la joie ("Physical fraction", EP).

2.12.08

Il risque d'y avoir une fuite

y'a le ciel qui touche les pieds sur le quai de la gare un air froid rend raide comme un bâton de popsicle on croirait la revanche d'une vie sans détours gelée mais transie de tout le cran et tout le front des hommes réunis une vie qui frappe tout au bout il y a une fanfare qui s'est calmée l'anche et l'embouchure debout qui fait ça en sourdine et un train traverse la gare et les gens aussi tout autour des jambes qui passent sous les figures des manteaux verts-jaunes-pourpres des manières infinies de partir devant apparaissent des lulus et une main tendue un chien qui s'attarde mais maître fulmine reviens au plus vite sacrant bâtard tu ferais mieux de déguerpir un poil est tombé sur le soulier vite faudrait pas te faire empailler à côté des romans arlequins y'a une fleur qui attend les cheveux en épis de se faire prendre par des mains moites du bout des doigts une cigarette martelée puis écrabouillée frénétiquement dans le cendrier des yeux qui ne voient pas des mensonges qui se fomentent et le temps se retranche de l'énorme horloge des bagues font le tour des doigts les chaînettes entortillent les cous on se pend de partout et on entend le froid froisser les manteaux et les mains se mettent aux collets tout autour est sourd on veut partir l'anxiété de quitter la gorge coincée l'attente de serrer une joue de foutre une bine sur l'épaule la vie transie de se dire qu'elle est une éponge qui a absorbé le tourbillon

27.11.08

Poubelle


Le mendiant saura, grâce à cet urbain cadran solaire, à quelle heure il dégota une canette de coca.

On se réjouit pour lui.

22.11.08

Cautionné/Condamné


Grande fan du magazine P45, je reprends leur concept d"approuvé/réprouvé". Pourquoi? Parce que ça m'amuse.


Cautionné

1. Nmtl qui fait un show au Café Chaos à Montréal. C'fait changement de Québec.

2. Les clémentines du mois de novembre. On ne se tanne pas. Profitez-en, en décembre, on sera plus capable.

3. Le coeur sur la... table.

4. Les bobettes brésiliennes. C'est sexy et ça met en valeur le galbe des fesses.

5. Les courriers à vélo. Pour les raisons sus-mentionnées.

6. Le bêtisier. Parce qu'on aime les bourdes linguistiques des journalistes.

Condamné

1. Nmtl qui fait un show à Montréal... le soir du party "Vol d'identité au 2183". Merde, je pourrai pas aller trasher avec les métalleux.

2. Les capuchons. C'est cute, mais on entend rien là-dedans.

3. Sega et nintendo dans les tounes électro. À un moment donné, on a envie de sortir de Mario Kart IV.

4. Les amendes salées de la Ville. 169$ pour n'avoir pas déposé son sac de recyclage au bon moment. Calvince.

5. Le livreur de la Presse qui garroche le journal du bas de son char. On se demande c'est quand que notre vitre va casser.

18.11.08

Who are you

Les mots sont au grenier... Y'a qu'une musique à l'étage, un truc qui me demande qui je suis.

p.s. Z'ont fait la première partie de Karkwa au Crapet soleil (à l'Isle aux Coudres) les petits gars de Québec, y'a 2 des ex-membres de Uberko, pour ceux qui connaissaient. La vibe électro n'y est plus mais ils ont toujours un côté énergisant. Vraiment un band qui ira loin.

15.11.08

Ivresse et sornettes sous la couette

Les draps blancs éculés ne seront des drapeaux
que l'on brandit pour trêve ou utopie grivoise

Je promets jure et crache

que je ne dirai rien d'amical ni d'aimant
en ces soirées propices à la sale démesure

Je promets crache et jure

qu'il ne faut t'inquiéter du bruit entre mes bras
sans capitulation oublions la chamade

Je crache jure et promets

de déposer mon coeur sur la table de chevet
à côté des Trojan...........du sang et du foutre

10.11.08

La cancrerie

"Chagrin d'école"

J'avais reçu ce bouquin à Noël l'an dernier. Ma tante Hélène m'avait dit que j'allais adorer. Je l'ai moi-même acheté à mon père pour la même occasion, lui disant qu'il allait surement aimer. On achète ce que l'on veut apparemment ;) Je l'ai placé dans ma bibliothèque, me disant que j'allais le lire plus tard, uste à côté des autres "pas encore lus". Il y a de ces livres que l'on ne doit pas, pour une raison ou une autre, lire tout de suite. À ce moment-là, j'étais plongé dans la psychanalyse jusqu'aux oreilles, Lacan et Kristeva occupaient mes pensées, j'étais un peu tourmentée. J'ai fait une quasi-cure psychanalytique à mesure ou j'analysais la place de la mère chez d'Alfonso (poète montréalo-italien fabuleux). Je n'invente rien: à lire sur les autres, et bien, on lit aussi sur soi. Puis vînt l'été, ou je n'eus guère le temps de me consacrer à des lectures puisque je travaillais comme une dingue et que, quand j'avais du temps, j'allais me dépenser dans quelques contrées éloignées à grimper des montagnes et à descendre des rivières. Il fallut attendre en octobre pour que finalement j'ouvre ce fameux "Chagrin d'école"... quelques jours après avoir retrouvé mes poèmes d'adolescence dans une boîte oubliée chez ma mère. Il était temps que je m'y plonge dans cette adolescence...
Vous avez peut-être déjà lu "La fée carabine" de la saga Malaussène, "Le dictateur et le hamac" ou encore l'essai "Comme un roman". Vous savez alors que Pennac a une imagination débridée, qu'il sait manier l'argot pour en faire de la vraie poésie et que c'est un excellent vulgarisateur. "Chagrin d'école" s'inscrit dans cette veine mais il est plutôt différent, plus senti, plus autobiographique. Dans ce bouquin, Pennac se met en scène et ouvre les vannes sur son passé de cancre. Il est maintenant professeur. L'ancien cancre comprend les difficultés éprouvées par les nouveaux cancres mieux que quiconque puisque les "je n'y arriverai jamais" ont aussi été ses paroles, et qu'il sait ce que c'est de vouloir tout abandonner. Il connaît la psychologie des "mauvais élèves" et il en parle. Professeur de français, il prend le langage en otage pour propulser ses élèves dans la logique. Pour qu'ils mettent en discours ce qu'ils ressentent. Pour que la lumière apparaisse. À ce sens, ce livre pourrait être un essai sur la pédogogie, sur l'instituion scolaire, mais c'est beaucoup plus que ça. Pennac raconte aussi le parcours scolaire par lequel tout gosse doit passer et qui le marquera pour des années. Il parle de son parcours, si difficile à traverser lorsqu'on est cancre. C'est bien là ou les premières blessures se forment et ou l'estime nous abandonne pour aller voir les premiers de classe...
Le quotidien de la cancrerie. Voilà sans doute ce qui m'a touché le plus puisque j'ai eu le même comportement que lui. Naima la cancre. J'en ai remis des copies blanches et fait de petits dessins en guise de réponse à la guerre 14-18!! Comme lui, j'ai pensé que je ne comprendrais jamais rien, que ça ne donnerait rien, que de toute manière, ça ne m'intéressait pas. On se convainc d'être cancre. J'ai aussi bossé pendant des heures afin de me rentrer des notions dans le crâne... pour si peu de résultats. La mémoire qui se barrait dès que j'avais une copie d'examen entre les mains. La démotivation. La résignation. Le recommencement. L'obstination. L'échec.
" - Tu prétendais détester les majuscules. Ah! Terribles sentinelles, les majuscules! Il me semblait qu'elles se dressaient entre les noms propres et moi pour m'en interdire la fréquentation. Tout mot frappé d'une majuscule était voué à l'oubli instantané: villes, fleuves, batailles, héros, traités, poètes, galaxies, théorèmes, interdits de mémoire pour cause de majuscule tétanisante. Halte là, s'exclamait la majuscule, on ne franchit pas la porte de ce nom, il est trop propre, on n'en est pas digne, on est un crétin!" (Pennac, Chagrin d'école)
Mais comme lui, j'ai été sauvé par certains professeurs. Je n'entrerai pas dans les détails mais pour la première fois, on m'estimait malgré les notes médiocres que ma mère tentait de cacher à mon père! Pour lui, ce fût ce professeur de français qui lui fît apprendre autrement en lui demandant d'écrire un roman, sans faute d'orthographe. Il exigeait des chapitres bien rédigés à des dates précises. Ce bon Pennac pris son pied à faire cet exercice alors qu'il avait toujours récolté des zéros en grammaire. Bel exemple de pédagogie. Beau détour pour faire apprendre la matière. Il parlera comme ça, de trois de ces professeurs qui l'ont pris par les trippes plutôt que par la tête.
C'est maintenant à son tour, en tant que prof, de regarder ces cancres dans les yeux et de les amener à voir autrement. "Chagrin d'école" recèle d'exemples à faire sourire et nous amène à revoir les professeurs que nous avons eu. Ce que j'ai fait. J'ai regardé mon petit nombril et je me suis demandé: pourquoi ont-ils échoué avec moi? Pourquoi ne se sont ils pas investis pour me sortir du marasme qui m'habitait alors que je n'avais même pas 20 ans? Parce qu'on ne peut pas rescaper tout les cancres? Parce que ce ne sont pas tout les profs qui sont doués pour cela non plus?, pas tout les profs qui se donnent ce mandat? Ont-ils tort de ne pas le faire? Quel est le rôle des profs, des parents, de l'élève, de l'état? On remet la faute à qui lorsqu'on fait face à un cancre? Pourquoi se la refile-t-on? Et, est-ce que, vraiment, faute il y a? Voilà bien des questions qui sont évoquées dans "Chagrin d'école". Sans offrir de réponses exactes, Pennac a mis ces problématiques sur la table des négos si je peux m'exprimer ainsi
Alors voilà, ce roman se mange en quelques heures, quelques jours si on a moins de temps.
"Chagrin d'école" c'est franchement un bel ode à l'apprentissage et à la curiosité.
Chapeau Pennac, tu mérites ton prix Renaudault!
Allez, je vous file aussi l'adresse url de "chagrin d'école" parce que le site est joli et bien fait: http://www.gallimard.fr/pennac-chagrindecole