8.12.08

"Le piège américain"... piégé!


Saviez-vous que Fabienne Larouche donnait dans le thriller politique? Vous vous foutez bien de ce qu'elle pourrait faire d'autre que le monstre de Virginie, rien que son nom vous horripile? Eh ben, je serai dure ici mais vous avez peut-être raison. Ce qu'elle peut faire au cinéma ne vole pas plus haut que ce pourquoi vous la connaissez déjà et ce, même si elle s'entoure d'une équipe du tonnerre (réalisé par Charles Binamé et interprété par des bonzes du cinéma candien-québécois-français).

L'idée était cependant bonne: retracer la vie de Lucien Rivard (incarné par Remy Girard), ce caïd québécois bien connu aux États-Unis, dans une perspective historique. Le seul problème: l'équipe de production a voulu trop en faire. À force de penser "BIG", on s'est tiré dans le pied. Solide.

Les ramifications
Pendant 1h30, on se casse la tomate afin de comprendre le lien entre Lucien Rivard et les Kennedys. Parce que c'est le parallèle qu'on veut nous présenter. Rivard, trafiquant de drogue et d'armes, aurait trempé dans cette histoire d'assassinat des Kennedys. En plus de suivre le réseau de Rivard, les scénaristes se sont donné pour mandat de refaire la chronologie des années 1960 aux États-Unis - archives et reconstitutions à l'appui. Mais l'histoire des Kennedy est compliquée (et non élucidée, considérant le fait que Lee Harvey Oswald - présumé coupable de l'assassinat de JFK - a été tué par Jack Ruby suite à son arrestation et que toutes sortes d'hypothèses circulent encore au sujet de la mort de JFK), alors de faire le parallèle entre deux histoires aux ramifications complexes est pour le moins ambitieux et c'est ce qui donne un résultat ennuyeux: l'Histoire doit se passer à travers les dialogues! Alourdis par tant d'informations qui doivent nous être transmises, ceux-ci n'avantagent aucunement la crédibilité des personnages. Impossible de s'attacher à Remy Girard, Colm Feore et les autres puisque nous avons affaire à des marionnettes qui débitent des faits, des dates, des moments historiques. En somme, la trame narrative est carrément déficiente et ce, au détriment du jeu des acteurs.

Who's who?
À travers les dialogues, on comprend toutefois que les trafiquants se backstabbent et qu'il n'y a personne sur qui Rivard peut vraiment compter. Mais il faut retenir leurs noms (et leurs têtes!) si l'on veut comprendre quelque chose à cette histoire tissée en toile d'araignée. Et il y en a trop. Rivard, Bishop, Mondoloni, Marcello, Cheramie, Ruby: tous impliqués de près ou de loin avec la mafia. Mais il y a aussi l'Histoire américaine: John F. et Bob Kennedy, Oswald - Ferrie - Shaw (les 3 sont reliés à l'assassinat de JFK), McClellan (avocat dans cette histoire de mafia) et même Hoover! Chez les Cubains, il y a Batista, Fidel, le Che et cette histoire de "Baie des cochons" qui revient comme un traumatisme d'enfance. On nous transporte même en France et en Indonésie. Même si les lieux présentés sont absolument à couper le souffle (très belle job du directeur artistique), à un moment donné, à trop vouloir en mettre en si peu de temps, on tombe dans le piège de l'incompréhension!! Bref dans le thriller politique, on a vu mieux. Décidemment, Fabienne et Charles ont voulu jouer les Oliver Stone mais sans son talent!

Petit bijou au coeur de ce gros film en toc
Je dois quand même donner une mention spéciale à Joe Cobden pour son excellent rôle de Jeffrey Cohen, enquêteur au service de l'Agence des narcotiques ayant hérité du cas Lucien Rivard. Grand connaisseur des réseaux autour de ce caïd, il aurait pêut-être été intéressant de le suivre, lui, afin de comprendre le rôle de Rivard dans la mort des Kennedys. En petit film noir à part de ça, mmmmm, j'avoue que je fantasme.

Et vous, l'avez-vous vu?

p.s. Au fait, si ce sujet vous intéresse, il y a JFK d'Oliver Stone, qui est basé sur le livre de Jim Garrison, 208 minutes - attachez votre tuque! -, sorti en salle en 1991.

2 commentaires:

Arthur a dit…

Ouin... Tu fais pas ça à moitié tes critiques cinéma... En tout cas, merci de bien de m'éviter ce film, j'avoue avoir douter lorsque j'avais vu la bande-annonce. Ça me fait tout le temps un peu peur lorsque je vois des films québécois qui essayent d'en faire beaucoup, beaucoup trop...

Nanie-Nana a dit…

Mouais, je doutais également du film mais j'ai fini par le downloader quand même...!
Au fait, toi aussi cher Arthur, tu donnes pas ta place pour les critiques ;) Mais ça me plaît tes propos acerbes héhé