5.2.09

Sang noir sur écran


Je n'ai pas peur des foules. Pas peur de sauter dans le vide. Ni de faire du pouce. Pas peur non plus des Hells, des Rock, des Rouges, des polices du Guatemala armés jusqu'aux dents. Non, vraiment, je n'ai pas peur de tout cela. Mais ce dont j'ai peur, c'est de la gratuité.
Peur du caractère random d'un acte violent.

Le 6 décembre 1989, j'aurais eu peur mais j'étais trop jeune. Vous savez, le jour ou Marc Lépine a décidé d'en finir avec les féministes. D'en finir avec sa vie aussi. La jour ou il y a eu 15 vies de perdues, gratuitement enlevées. Et dans un établissement d'enseignement: à la Polytechnique de Montréal. Un véritable carnage.
Vous vous rappelez peut-être mieux de Columbine (1999), W. R. Myers - Alberta (1999), Dawson (2006), Virginia Tech (2007)? Comment vous êtes-vous senti mes chers étudiants? Moi, ça m'a plongé dans la totale incompréhension. Et ça m'a foutu les jetons.

À ce sujet, je suis allée voir la première du film "Polytechnique" de Denis Villeneuve (Maëlstrom) au cinéma l'Impérial - qui est absolument magnifique soit dit en passant -. J'aimerais bien faire une critique détaillée de ce film, mais mon point de vue ne serait pas objectif parce que l'histoire s'est réellement déroulée et que c'est trop proche de moi pour que mes perspectives ne soient pas brouillées. Je ne ferai qu'un synopsis.

Les évènements sont racontés sous trois points de vue: celui du tireur -qu'on ne nommera jamais- (Maxim Gaudette), celui d'une étudiante survivante à jamais marquée par la violence de cette tuerie (Karine Vanasse) et celui d'un étudiant qui tenta d'aider les victimes lors de la tuerie (Sébastien Huberdeau). Le directeur photo, Pierre Gill (Eldorado, Maurice Richard), a su rester sobre en choisissant de présenter le film en noir et blanc. Idem au niveau de la musique: Benoît Charest (Triplettes de Belleville) a opté pour une ambiance austère et respecteuse. On a aussi économisé sur le texte du scénario.
Peut-être que plutôt qu'expliquer, on voulait exorciser les évènements tragiques. Point.

Pour ceux qui n'ont pas aimé Elephant de Gus Van Sant, ne vous inquiétez pas, même si c'est au sujet d'une tuerie, Polytechnique trouve sa propre voix pour parler de ces évènements tragiques. Ce n'est pas un ersatz de quoi que ce soit. Dieu merci.

En salles à partir de demain.

2 commentaires:

Aïer a dit…

Vite! OneLaptopPerChild pour Naï, que son blogue revienne.

Anonyme a dit…

hahahaha! Francois s'occupera de sa réssurection vendredi, yéééé

naima