Depuis des années, je n'écoute presque plus la télévision. Même que j'ai passé une année sans elle sans faire de sang dans mes selles. Une platine tourne-disque trônait à la place du tube cathodique et les microsillons remplaçaient les cassettes vhs. Ça me plaisait comme ça, d'avoir une pièce consacrée à la musique, et ou l'action était dans nos oreilles plus qu'à portée de vue. Philippe avait mis un temps fou pour placer les haut-parleurs. Si on s'assoyait confortablement dans notre futon, les décibels se dirigaient parfaitement vers nous. De vrais écouteurs sans la sensation désagréablement que quelque chose s'introduit dans nos tympans. Nous relaxions dans la ouate de notre salon.
Quand Philippe a quitté, il a laissé un trou. J'optais plus souvent pour la cuisine que pour m'assoir dans le divan de cuir (ma coloc avait upgradé à ce niveau-là) dirigé vers la télé. Puis une autre coloc est arrivée, nous avons gardé la télé de l'ancienne coloc mais c'était plus une décoration moche qui trônait au-dessus d'un meuble jauni (laissé par un coloc temporaire...!). On y avait mis un paréo dessus. L'action s'était détourné vers le foyer ou nous mettions des buches de chez Esso pour enjoliver nos nuits d'hiver. Les petits joints remplaçaient le confort de la peau d'ours. On s'asseyait par terre sur les coussins récupérés du divan de mon 4ème appart' à Québec (vivement le recyclage!). De dos au tube cathodique. Sans dire qu'on boudait la télé, on ne ressentait pas vraiment le besoin de lui faire face. Ça me plaisait que ma coloc soit sur la même ouate que moi.
Et puis, bien vous connaissez la suite, j'ai déménagé chez Catherine et Pierre-Luc ou la télévison occupe une place importante. Le salon est configuré presque comme chez mes parents. La télévision à la hauteur des yeux, de multiples manettes traînant sur la table en face du divan. On peut y manger, y boire, et y rouler des joints tout en ayant les yeux fixés sur cette machine.

Ça m'a rappelé le temps ou mon père ne pouvait me déraciner de la salle de télé, qu'on appelait "boudoir". Je récitais les pubs et ça l'horripilait. À raison. Reste que j'avais le câble dans ce temps-là; mon père s'était même abonné aux réseaux arabes (il y avait celle d'arabie saoudite ou on n'entendait que parler du roi Fahd et de ses copieuses bouffes, al-jazeera sorte de CNN arabe, et d'autres encore qui me paraissaient dépourvues de budget puisque les images me semblaient vieilles et poussièreuses - bon, c'était peut-être à cause du sable... j'en sais rien). Je pouvais donc sauter d'une chaîne à l'autre et "m'ouvrir à un monde que je ne connaissais pas". J'ai sauté longtemps, sans avoir quelque chose à me mettre sous la dent. Je regardais des images comme on lit distraitement un Elle Québec dans l'attente de voir le dentiste appeler notre nom. Il y avait cependant un poste sur lequel je pouvais tomber et ou il y avait toujours quelqu'un qui parlait sous un décor de bois et de tapis rouge feutré.
L'assemblée nationale.
À première vue, ça nous semble ennuyant, parce que souvent ce l'est, mais lorsqu'on tombe sur des moments forts, ça peut vachement nous faire marrer. C'était Michel Bissonnet qui était président de l'assemblée à l'époque. Un gros monsieur sympathique qui détachait toujours son bouton de veston lorsqu'il se levait (et qui le rattachait une fois assis). Un monsieur vraiment attachant (!). Maintenant, c'est Francois Gendron... c'est moins divertissant mais on a les députés de l'ADQ pour nous rendre ça follllllllllement amusant. Hier, pas à la télé mais sur l'Internet qu'y disent-là, je suis tombée sur le premier discours de Jean-François, qu'on a de suite envie d'appeler Jeff ou Jeffou pour l'occasion. Savez-vous c'est qui? Ben c'est carrément le député sortant de Jean Lesage (amis de Limoilou, vous avez voté pour lui!). Il n'est pas sorti de sa ruelle, il pense encore qu'il peut "scorer" dans "l'goal" de ses adversaires en poussant une "crack" rigolote à ses "chums de gars". L'assemblée nationale, ça se joue entre la 6ème et la 4 rue pis c'est ben l'fun le vendredi soir (eh merde, je viens de lire qu'il a joué au hockey professionnel en Louisiane).
Voici les liens.
Ouuuuuuuuuut!
Honnêtement, passez les premières minutes. Je sais, vous aurez un sentiment "malàlaisant", comme quand on entend une chanteuse faire des fausses notes lors d'un gala mais après, on s'y fait. On a presque envie de le réentendre. C'est en 3 parties. Pauvre de petit, il ne sait pas gérer son temps. On espère que les habitants de Limoilou ont le câble ou enfin, des oreilles de lapin assez puissantes pour écouter l'assemblée nationale.
Next time, je fais du ragoût pour tout le monde et on écoute ça en gang.
p.s. Au fait, Jean-François a aussi été "Participant à des tournées de promotion du français dans des écoles et des organismes communautaires aux États-Unis".
Calvaire, j'pense que je vais m'assire sur ma chaise sinon ma tomber.
4 commentaires:
J'ai jamais eu la patience nécessaire pour écouter la chaîne parlementaire mais merci bien d'avoir fait le tri à ma place, ça simplifie la vie et puis ça m'évite d'écouter la télévision en vain (est-ce que c'est pas la morale de l'histoire?)...
Il n'y a pas de morale à cette histoire. Ce ne sont que des souvenirs pour vous dire que l'Assemblée nationale peut être terriblement divertissante. Qu'à la télé, il y a beaucoup de conneries qui s'y disent, qui sont à écouter... ou pas.
Il m'arrive assez rarement d'être fier d'être québécois. Mon collectif est plutôt sur le neutre, je préfère les individus. Souvent, par contre, j'ai honte. Petit monde. Petits rongeurs faméliques. La politique occupe la première place de mon désespoir, pas trop loin devant l'angoisse de mourir.
Mouhehehe, faut pas faire une attaque le 8 décembre ;)
Pas fier d'être québécois? Je crois que tu aurais du mal à t'identifier à quelconque peuple. T'es un anarchiste dans l'âme. Tu es libre, sans attaches.
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